Apprenons et parlons le français et nos langues.
Les langues régionales et minoritaires sont des richesses pour la République et nous sommes fiers de notre diversité linguistique.
A côté du français, dans nos écoles publiques et associatives, elles véhiculent aujourd’hui les valeurs du contrat social.
Ni fantasme, ni fantôme du passé, il existe désormais sur le plan linguistique une réalité sociale et politique à laquelle doit répondre la République du 21ème siècle.
Apprenons et parlons le français et nos langues: l’alsacien, le basque, le gascon, le breton, le catalan, le corse et et nous ne serons que mieux préparés pour parler celles des autres.
La confirmation de la reprise chez les plus jeunes générations, associée à la forte demande sociale pour de l’enseignement en langue régionale tous modèles confondus (immersif ou bilingue, public ou privé) ,nous permet d’affirmer que l’action en faveur des langues régionales et minoritaires d’abord portée par le monde associatif, qui a conquis ensuite le soutien des acteurs publics, récolte ses premiers fruits.
L’exemple du Pays Basque, où pour la première fois le nombre de bascophones ne baisse plus, est instructif: légitimée, la politique publique de l’euskara doit aujourd’hui faire face et s’adapter aux difficultés générées par sa propre croissance.
Le développement de l’immersif public en maternelle, la généralisation de la parité horaire dans les établissements publics du second degré offrant un enseignement bilingue et le respect de la convention d’attribution des postes aux écoles immersives associatives, sont trop souvent remis en question par les politiques gouvernementales et une absence de stratégie pluriannuelle.
Il faut aussi relever le défi de l’usage, assurer la présence de ces langues dans l’espace public, favoriser la pratique par un accueil bi-lingue dans les services publics, par le développement des offres d’activités et de loisirs en langue basque ou gasconne.
La récente évolution institutionnelle du Pays Basque avec la création de la Communauté Pays basque, sa prise de compétence non exclusive en matière de politique linguistique en faveur de l’Euskara et du Gascon et son entrée comme membre plein et entier au sein de l’Office public de la langue basque aux côtés de l’Etat, la Région et le Département, doit donner à la politique publique interinstitutionnelle un nouvel élan.
Pour que cette croissance ne se transforme en crise de croissance et par exigence d’une efficacité maximale, il appartient désormais aux acteurs de la politique linguistique, institutions, associations, société civile, de consolider le consensus social qui doit ouvrir la voie à une officialisation des langues régionales par une loi républicaine porteuse d’égalité de traitement sur l’ensemble du territoire national.
Il est temps que la République change de regard sur ses langues régionales et minoritaires et que cesse la lutte jacobine désuète contre un plurilinguisme pacifique. Nos langues peuvent être un formidable véhicule de l’universalisme, de la culture et l’ouverture, et un remède actuel et nouveau contre les replis identitaires, xénophobes et nationalistes.